«Le dos et la paume de la main sont la main. La frontière entre l'une et l'autre est infime. C'est la même chose pour Aïte et Tori.»
Depuis combien de temps enseignez-vous l'#Aïkido ? pour combien d'heures par semaine /par mois ?
J'enseigne l'Aïkido depuis 1983. Actuellement, j'anime des cours adultes (6h00 par semaine), adolescent (1h00 par semaine); j'encadre pratiquement tous les weekends des stages de différents types: ouverts à tous, écoles de cadres, préparation grades, haut gradés.
Quand avez-vous commencé la pratique de l'Aïkido ? Quel était votre premier #sensei ? Combien de temps avez-vous pratiqué avec lui/elle et pourquoi êtes-vous resté dans son club ?
J'ai débuté la pratique en 1977. J'étais stagiaire à l'Ecole Normale (formation instituteur), Jean Paul Moine encadrait deux cours par semaine. Je faisais du judo, l'Aïkido pratiqué avec Jean Paul correspondait à ce que je recherchais au niveau de l'engagement, de la dépense physique. Je me suis très rapidement intégré à son travail. J'ai eu la chance de rencontrer sur le tatami Serge Sollé. Avec lui, cet engagement prenait tout son sens. Il fut le miroir de mon travail.
Jean Paul Moine a tout de suite voulu nous présenter ses enseignants et j'ai pu pratiquer très vite avec Maître #Tamura, Claude Pellerin, Roberto Arnulfo, Jean Paul Avy, Jean Luc Fontaine, Mammy Rahaga...
Quel est, ou y a-t-il un ou des axes de travail que vous privilégiez dans votre enseignement ? (sens #martial, recherche, dimension spirituelle, ampleur et fluidité, structure, autre..) ou sur une représentation plus large, au dojo, qu'enseignez-vous ?.
Condition physique, engagement, adaptabilité et attention à l'autre (martiale et bienveillante) sont mes axes de travail. Ils correspondent à ce qui m'a été, je crois, inculqué par mes Sempaïs.
Par l'exemple concret, j'essaye de l'enseigner au delà de la technique qui n'est qu'un support.
Quel est le nombre d'élèves dans votre #club, combien d'adultes et d'enfants ?
80 élèves sont inscrits au club, 70 y sont licenciés avec 20 enfants, 15 adolescents et 35 adultes dont 25% de pratiquantes.
Que pensez-vous du travail de #uke/aïte, quel est son rôle selon vous ?
Le dos et la paume de la main sont la main. La frontière entre l'une et l'autre est infime. C'est la même chose pour #aïte et #tori.
Uke, celui qui subit la chute, ne devrait pas apparaître dans notre vocabulaire.
Aïté, la main d'en face, doit être celui qui nous permet de progresser, qui met en oeuvre son attention pour nous faire aller plus loin. C'est un peu le sparring partner qui par sa présence active oblige à rester dans le temps présent de la recherche.
En quoi l'enseignement du travail des #armes est-il important, combien d'heures par semaine consacrez-vous à cette pratique avec vos élèves ?
Chacun de mes cours comprend une référence explicite au travail aux armes, ken ou jo. C'est ce que transmettait Maître Tamura. Je propose aussi la pratique de suburis, de kata de jo afin d'inciter mes élèves à pratiquer seuls, à s'approprier les exercices, à rechercher le travail sur soi.
Au sujet des techniques en #suwariwaza (#zagi), quelle est pour nous l'importance ou l'utilité de cette pratique ?
Suwari Waza fait entièrement partie de notre pratique. Ce travail favorise le placement des hanches, oblige à relâcher les muscles du haut du corps, à ressentir la nécessité de la mobilité.
Il est étonnant que de nombreux pratiquants d'Aïkido souffrent de douleurs aux genoux alors que les temps de pratique sont peu importants de manière générale dans les clubs. Les pratiquants de jyu-jitsu, de grappling qui passent beaucoup plus de temps sur des appuis à genoux n'en souffrent pas autant.
Une part de notre recherche n'a donc pas été bien mené. Une étude sur des exercices spécifiques d'étirement, de déplacement, d'alignement des différents segments (jambe, cuisse) doit être menée. Les activités citées plus haut sont des sources à utiliser.
Qu'est-ce qu'un bon sensei à vos yeux ?
Je pense qu'un "bon" Senseï est celui qui aide ses élèves à développer leur propre pratique dans le respect des fondations de la discipline.
Chaque individu a son histoire physique et mentale. Essayer de le faire rentrer dans le cadre de l'enseignant ne peut qu'être illusoire. Des bases de la discipline à leur mise en oeuvre, beaucoup de paramètres entrent en ligne de compte et copier sans s'approprier ne consiste qu'à bâtir sur du sable.
La caricature est la pire pratique, malheureusement nous en voyons beaucoup.
Sur une année, quels sont les événements ou les moments forts de la vie de votre club ?
Le club organise plusieurs #stages dans l'année; j'en anime certains durant la saison mais aussi pendant les vacances d'été avec trois autres professeurs haut gradés (Robert Dalessandro, Jacques Bardet, Didier Vénard). Ces stages présentent l'intérêt de mettre en parallèle nos recherches.
Certains pratiquants confirmés du club animent d'autres "stages club". Ils animent également des stages régionaux. Ces propositions seront complétées l'année prochaine par des stages animés par des pratiquantes maintenant haut gradées du club.
Cette année nous avons mis l'accent sur un nouveau stage: le stage "Aïkido en Provence". Il aura lieu les 11, 12, 13 avril 2020 au dojo Cournand à Aix en Provence.
Pratique intense, exigeante mais aussi convivialité et partage seront les objectifs de ce nouveau stage.
L'Aïkido a-t'il modifié votre façon de penser ou d'agir dans votre vie, et en quoi ?
L'Aïkido correspondait tout d'abord à ce que je recherchais sur le plan physique. L'#engagement physique était important et obligeait à travailler seul pour être à la hauteur des exigences. Cela reste important pour moi. De nombreuses heures d'entraînement sont donc nécessaires.
Obligatoirement, cette recherche d'excellence entraîne des modifications dans la manière de penser, dans ses propres exigences et s'intègre dans la vie de tous les jours.
Tamura Senseï parlait de #Keïko, d'entraînement sincère. Cet entraînement sincère amène une attitude nécessaire, une attention aux autres et à soi-même nécessaires. Elles sont ou devraient s'intégrer à la vie de tous les jours.
A propos des #stages dans votre activité martiale, à quel rythme y participez-vous ou en dirigez-vous vous-même ? quels sont vos stages ou senseis préférés ?
Pratiquement tous mes weekends sont consacrés à des stages, stages auxquels je participe, que j'anime ou co-anime.
Maître Tamura reste ma référence. sa pratique, sa recherche ont soutenu et soutiennent encore mon travail. D'autres senseï m'amènent à suivre des pistes de travail (Maître #Yamada, Maître #Chiba, Maître #Tada). Des senseï français proposent un travail qui m'amène également à réfléchir à ma pratique: Maître Pellerin, Maître Arnulfo, Maître Avy.
Enseignez-vous un autre art martial ou une autre discipline ?
Je pratique le grappling. Cet art martial influence beaucoup ma recherche.
Comment expliquez-vous votre idée de l'essence de l'Aïkido aux #enfants ?
Aïte et Tori sont les deux références claires de l'enseignement aux enfants. L'exigence de cette double articulation dans notre travail amène à être toujours vigilant. J'essaie également de mettre en avant étiquette et respect mutuel.
A quoi prêtez-vous particulièrement attention lorsque vous enseignez l'Aïkido aux enfants ?
La disponibilité physique, la condition physique, la souplesse sont trois aspects que je privilégie dans mon enseignement.
Je propose de nombreux exercices de renforcement musculaire, d'étirements, de prise de conscience des appuis et des déséquilibres.
La chute est une des bases de mon enseignement et un des principaux critères d'évaluation lors des passages de grades.
Quels sont vos projets pour l'Aïkido ?
Continuer à chercher, à progresser dans le relâchement, à partager.
Merci à Luc BOUCHAREU, Aikido-club Sainte-Victoire, Aix-en-Provence :
SITE WEB du club
Récit de l'interview du 18/01/2020, réalisé par Sophie Roche.
Crédits photo :
Association Tunisienne Aïkido&Budo https://www.facebook.com/Aikido.Tunisie.ATAB/
Eric Burnaz https://www.facebook.com/eric.burnaz
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